MÉTIERS D’ART SAVOIRS ENLUMINÉS

MÉTIERS D’ART SAVOIRS ENLUMINÉS

Magnifiées par le temps, les enluminures médiévales incarnent des oeuvres d’art riche de sens

Le passage des siècles n’a nullement émoussé l’audace et la quête d’excellence de Vacheron Constantin, bien au contraire. La Manufacture confirme plus que jamais sa créativité et ses compétences en matière de métiers d’art. Avec les Savoirs Enluminés, une série limitée de 60 pièces, elle nous embarque pour un voyage initiatique au coeur du Moyen Âge, des manuscrits enluminés et de la transmission des savoirs. Une collection exceptionnelle qui confirme une expertise horlogère, grâce notamment à l’affichage original des heures de son calibre automatique ultra-plat et une grande maîtrise des arts décoratifs. 

Au fil des ans, les métiers d’art s’épanouissent pleinement chez Vacheron Constantin. Un terreau fertile qui lui offre l’opportunité de donner libre cours à une imagination débordante, tout en développant des techniques innovantes. La Manufacture s’est toujours distinguée par son inclination particulière dans l’art et le mécénat culturel. Elle puise dans ce creuset pour laisser s’exprimer pleinement toute sa palette de savoir-faire dont elle démontre, collection après collection, une réelle expertise. 

Avec les Savoirs Enluminés, Vacheron Constantin met en exergue l’importance de la conjugaison des talents en s’inspirant d’une oeuvre du Moyen Âge, un ancien manuscrit celte mondialement reconnu pour la qualité de ses enluminures : le Bestiaire d’Aberdeen. Cet art de l’ornementation des manuscrits, destiné à célébrer avec emphase un corpus littéraire rédigé à la main, est une technique complexe qui nécessite une collaboration soutenue entre scribes, peintres et doreurs, dans la création de véritables objets d’art à l’instar de l’horlogerie et particulièrement de ces trois garde-temps de la collection Métiers d’Art Savoirs Enluminés. Au-delà de la beauté exceptionnelle de cet ouvrage quasi millénaire, la Maison souhaite rendre hommage à la transmission des savoirs. Une aventure qui nous conduit à la rencontre d’un véritable mythe, trop rarement dévoilé au public, pourtant presque universellement partagé par les cultures d’Orient et d’Occident(1)

Outre leur singularité thématique, les garde-temps Métiers d’Art Savoirs Enluminés proposent également un mécanisme breveté, assurant un affichage traînant des heures. Associée aux délicats métiers de l’émail Grand Feu, dont la technique genevoise de peinture miniature, cette série limitée vient s’ajouter à une collection déjà riche d’artisanats d’excellence. Tout en assurant une vraie continuité dans une voie souvent empruntée, rares sont les objets faisant preuve d’une démarche aussi complète. 

Une vision médiévale du monde selon le Bestiaire d’Aberdeen 

Le Bestiaire d’Aberdeen a été commandité au XIIème siècle. Ce « livre de bêtes », véritable vecteur de connaissances et de croyances, regorge d’informations essentielles à la compréhension de l’évolution de l’Humanité tout en exaltant le pouvoir de la métaphore. Au Moyen Âge, ce procédé rhétorique est très courant et le rôle symbolique de l’animal s’affirme pleinement. On lui prête des sentiments et des personnalités comparables à celle de l’Homme. L’animal n’existe pas pour ce qu’il est, il représente les merveilles de la Création. Il enseigne le savoir, mais surtout il transmet des préceptes moraux. Il s’avère tantôt porteur de rêves, de conquêtes ou de pouvoir, peuple les fables et les romans satiriques. L’illustration participe à cet enseignement. Les bêtes représentées dans un style pictural figuratif avec une intensité des couleurs et une précision du dessin possèdent souvent des attributs fantastiques pour un résultat graphique d’une modernité saisissante(2)

L’art de conjuguer les talents… à travers les siècles et les arts 

De très grande qualité, les enluminures sont peintes sur fond d’or à peine bruni par le temps. Elles révèlent des couleurs encore denses, essentiellement des bleus et des roses, le blanc étant utilisé pour accentuer les contours et les reliefs des corps. Les artistes devaient faire preuve d’imagination pour dessiner ces animaux fantastiques qu’ils n’avaient jamais observés… 

Au-delà de leur valeur culturelle indéniable, l’ornementation des manuscrits incarne le parfait exemple de la conjugaison de talents. L’enlumineur et le doreur ont su parfaitement assortir leurs gestes sur les 103 folios que compte l’ouvrage. A l’instar de l’horlogerie, les manuscrits de l’époque passaient entre les mains de plusieurs maîtres-artisans, étape par étape, chacun apportant une contribution essentielle à la composition. Sur un parchemin préparé à la main, le moine-copiste calligraphiait le corps du texte à la main en laissant les indications et l’espace pour recevoir les dorures et les enluminures destinées à structurer le corps du texte. Puis, le doreur appliquait la feuille d’or. Enfin, l’enlumineur réalisait son décors directement sur la fine couche d’or, esquisse, mélange de pigments naturels, coloriage par couche. Un art qui demande coordination et précision. 

De même, la collection Métiers d’Art Savoirs Enluminés contribue à perpétuer cet état d’esprit, en proposant des garde-temps d’Art nés de la collaboration entre plusieurs talents.  

La création, un langage multiple et universel 

Mariant techniques horlogères originales et savants métiers d’art, Vacheron Constantin rend hommage à l’art de l’ornementation par de superbes réinterprétations émaillées. Jadis, l’enlumineur travaillait dans des conditions d’exigence identiques à celles de l’émailleur aujourd’hui, avec ces mêmes gestes qui offrent à l’objet précieux un langage émotionnel multiple et universel. Pour obtenir une pièce distillant une vraie intensité, les artisans doivent d’abord parfaitement connaître les possibilités et les contraintes de chaque technique. Leur inspiration se nourrit d’influences et d’expériences. C’est à cette condition seulement qu’ils pourront livrer le meilleur d’eux-mêmes et offrir une vraie authenticité. 

La collection Métiers d’Art Savoirs Enluminés compte trois séries limitées de vingt pièces, chaque garde-temps étant illustré d’un animal du Bestiaire d’Aberdeen. Premier de ce trio, l’ « Altion » - un bel oiseau marin rattaché à l’Eau, construisant son nid sur les flots, quelles que soient les intempéries, et qui symbolise la sérénité (extrait du folio 54v). Le soin porté à son plumage d’un bleu vert, l’élégance de ses ailes, la souplesse de sa posture s’intègre parfaitement à la forme circulaire du cadran. Le deuxième modèle, « Vultures », se pare de deux volatiles dos à dos - ambassadeurs des Airs par excellence, ils se jettent un regard complice (extrait du folio 44v). Dans un dégradé de rose, leurs corps dessinent un cercle, symbole d’infini et de longévité. Le troisième modèle, « Caper » – est dédié à la Terre (extrait du folio 14r). Il présente un caprin bleu nuit au regard perçant, au bénéfice d’une faculté de discernement hors du commun. 

Ces trois créatures s’illustrent dans une représentation extrêmement fidèle des enluminures originales. Chaque projet implique son lot de réflexions, mais aussi de surprises et d’émerveillements. Ici, Vacheron Constantin a choisi de faire appel aux techniques décoratives traditionnelles, l’art de l’émail Grand Feu faisant écho à l’enluminure, la gravure en référence à la calligraphie, et à une phase délicate d’ombrage et de texturisation d’or pour retrouver l’effet des feuilles d’or. 

Un cadran étagé, une vision artistique du temps 

Chaque geste de l’artisan se fait dans la continuité, l’un dépendant de l’autre, le résultat final étant toujours imprévisible, jusqu’à la dernière touche, l’emboîtage. La complexité de ces garde-temps s’exprime au premier regard par un cadran en or 22 carats, étagé sur deux niveaux. L’élément supérieur, bordé d’une frise, accueille en son centre la créature fantastique. Décoré d’émail Grand Feu, le cadran supérieur marie parfaitement les techniques de la miniature et du champlevé. Le travail d’émaillage est long et minutieux, les couleurs sont posées au microscope, l’une après l’autre, avant plusieurs passages au four, tout en restant le plus fidèle à l’original. En arrière-plan, le fond émaillé doré est magnifiquement texturé à la main à l’aide de fines brosses et de gommes afin de s’approcher au plus près de cet effet façonné de la feuille d’or. Et, comme à chaque fois, l’imprévisible peut se manifester à tout instant, l’émail reste un art fragile et capricieux, mais le résultat est là, lumineux. 

Le niveau supérieur s’ouvre sur la droite pour laisser apparaître la partie inférieure. On y devine un texte en latin issu du manuscrit3. Il s’agit d’un hommage dédié à la puissance créatrice de la Nature (Natura) et de la Vie (Vita). Ce minuscule segment d’or se structure sur trois niveaux de détails, sans jamais dépasser 0.9 mm d’épaisseur. Les lettres en relief polies tranchent sur le fond grainé, les chiffres arabes de la minuterie, rangés en arc de cercle, sont délicatement peints sur le dessus. Enfin, entre ces deux niveaux de cadran, les chiffres des heures glissent de haut en bas, à tour de rôle, en 60 minutes. L’effet est saisissant ! La lumière révèle les finitions mates ou polies, dans la subtilité, l’équilibre. Du très grand art en matière de la miniaturisation. 

Un mécanisme tout aussi fabuleux où les heures défilent comme le regard au fil de la lecture 

Cet étonnant affichage est rendu possible grâce à un mécanisme exclusif. Il s’agit du calibre 1120 AT à remontage automatique, sur une base ultra-plate. Conçu et réalisé par Vacheron Constantin dans le plus pur respect des traditions de la Haute Horlogerie, il répond aux exigences du Poinçon de Genève qui ne se limitent plus uniquement au mouvement, mais prennent en compte la montre terminée. Il bat à la fréquence de 2.75 Hz (19'800 alternances/heure) et dispose d’une réserve de marche d’environ 40 heures. Sa finition, tout comme sa conception, témoignent d’une bienfacture poussée à l’extrême. Non seulement les principales surfaces planes du mouvement portent un minutieux décor en « Côtes de Genève », mais tous leurs angles vifs sont anglés avant d'être polis à la main. Il en est de même pour les têtes de vis. 

L’affichage traînant a été conçu et développé par les ingénieurs de la Maison. Les trois bras de la roue des heures sont prolongés par un carrousel. Chacun porte quatre chiffres horaires, dont l’orientation est déterminée par une came en forme de croix de Malte, un mécanisme breveté dont l’esthétique fait écho à l’emblème de la Maison. La couronne (roue) des heures tourne de manière à placer tour à tour le carrousel portant le chiffre approprié devant les minutes correspondantes peintes sur le cadran inférieur. L’heure glisse peu à peu vers le bas, avant de disparaître après avoir franchi la barre des 60 minutes. Elle laisse place alors au chiffre de l’heure suivante. Affichage aérien, le temps semble glisser sur l’ouvrage comme le regard sur une page d’un livre. L’effet est évocateur, inattendu, doucement poétique. 

Cette réussite du génie mécanique de Vacheron Constantin est protégée par un large boîtier de forme en or blanc 18 carats. Sur le flanc de carrure, le nom de l’animal illustré sur le cadran est fidèlement gravé selon la calligraphie originale. Enfin, le fond ouvert est protégé d’une glace saphir permettant d’admirer les qualités du mouvement automatique ainsi que sa masse oscillante en or au motif tapissé. Il s’agit d’une représentation stylisée de l'architecture néo-gothique des arches de la Tour de la Couronne du King’s College de l’université d’Aberdeen. La tapisserie, un style de décoration inspiré du guillochage, est réalisée par un outil datant de plus d’un siècle et fonctionnant sur le même principe que le pantographe. Une technique qui nécessite un réglage extrêmement fin, devant être adapté à chaque nouvelle masse oscillante, mais offrant la magnifique opportunité de créer des décors en volume, marquant des reliefs et des creux d’à peine 1/10e de millimètre comme un effet de broderie. Un raffinement poussé à son paroxysme. 

Dépositaire de précieux savoir-faire, Vacheron Constantin, la plus ancienne manufacture au monde en activité continue depuis sa fondation en 1755, assume ce passé avec la satisfaction de pouvoir révéler de véritables trésors de l’Humanité. Ici, la lecture du temps y est intégrée. Sans délaisser les amateurs de technicité, les Savoirs Enluminés sauront sans aucun doute ravir les plus esthètes d’entre nous. 

(1) L’histoire détaillée du Bestiaire d’Aberdeen 

Le Bestiaire d’Aberdeen a été répertorié pour la première fois en 1542, lors de l’inventaire de la Old Royal Library du palais de Westminster, il aurait été pourtant rédigé et enluminé bien avant, aux alentours de 1200. Outre la beauté de ses enluminures, il révèle toute la particularité de la pensée médiévale, caractérisée par cette approche très catégorisée de l’appréhension du monde. Une manière d’organiser les connaissances que l’on retrouve également dans d’autres cultures de l’époque, en Moyen-Orient et en Extrême-Orient notamment, et qui s’évertuent à formuler des descriptions factuelles par une pensée symbolique et moralisatrice de manière systématique. Un entendement commun à tous, clairement inspiré par le Physiologus, texte grec datant du IIème siècle retrouvé à Alexandrie et fondateur de nombreux manuscrits encyclopédiques à travers le monde. 

Le Bestiaire d’Aberdeen se hiérarchise en 11 chapitres : la création du monde, les bêtes sauvages, le bétail, les petits animaux, les oiseaux, les serpents et les reptiles, les vers, les poissons, les arbres et les plantes, la nature humaine et enfin les minéraux. Il est aujourd’hui conservé précieusement dans la bibliothèque de l’Université d’Aberdeen en Écosse. Objet d’une extrême rareté, il n’a été exposé qu’une seule fois au public, en 2012, à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle bibliothèque de l’université d’Aberdeen. Pour demeurer précieusement préservé de la lumière et de l’humidité, sa consultation n’excède pas 30 minutes par jour. 

(2) Texte en latin extrait du Bestiaire d’Aberdeen (folios 80 & 81) ornant le cadran inférieur 

« Natura dicta eo quod nasci aliquid faciat, gignendi enim et faciendi potens est. Vita dicta propter vigo rem vel quod vim teneat nascendi atque crescendi.» 

Traduction en français 

La nature (natura), est appelée ainsi car elle donne naissance (nasci) car elle a le pouvoir d’engendrer et de former. La vie (vita), vient de “vigueur”, un “pouvoir actif” parce qu’elle porte en elle la force de la naissance et de la croissance. 

(3) La divulgation des savoirs par les Manuscrits Fondamentaux 

L’art du bestiaire illustré se conjugue au fil des cultures et des époques. Toujours avec ce même fil conducteur, allier les propos écrits à vocation scientifique aux illustrations richement peintes. Parmi les manuscrits encyclopédiques les plus emblématiques, il faut citer le Manafi’Al-Hayawan ou « la propriété des animaux », un manuscrit perse de 1297, conservé à la Morgan Library de New York.

En Asie, les encyclopédies chinoises – leishu – ont vu le jour à partir du IIIème siècle déjà, des outils créés pour promouvoir la transmission des connaissances et l'éducation. Le Dunhuang, redécouvert au début du XXème siècle dans les grottes de Mogao au nord-ouest de la Chine, coeur de la route de la soie, s’articule autour de 5'000 rouleaux de soie datant du Vème au XIème siècle. Une source d’information majeure pour l'histoire de la culture chinoise. Tout comme le monumental Yongle Dadian, véritable compilation des connaissances de l’époque, rédigée sous la dynastie Ming dès 1403. Il s’agit de la plus grande encyclopédie du monde à cette époque, comprenant 28'877 chapitres liés à 11’095 volumes, soit environ 50 millions de sinogrammes! Chacun témoigne d’une certaine vision de l’Humanité toujours dans une même logique de divulgation d’une certaine moralisation.